Vulgarisation
Un jour j'ai écrit ça :
"Qu'est-ce qui vaut le mieux : que les gens aient pas envie de me voir ou qu'ils aient envie de pas me voir ?
Les gens valent la peine qu'on fasse des efforts pour eux, mais est-ce que MOI, je vaux la peine que je fasse des efforts pour eux ? (c'est à dire que de toute façon je suis condamné à mon insignifiance).
Et c'est ma vérité, mon sujet de conversation préféré.
Mais eux ça les emmerde, alors c'est pas la peine de se fatiguer.
Pourquoi je me fatiguerais à faire des efforts pour me faire accepter alors qu'une fois accepté je serai obligé de me taire ?"
Un psy dirait plutôt :
"Vous avez un problème de phobie sociale. C'est souvent causé par l'angoisse de performance, et ça se soigne."
Ma façon de présenter les choses est aussi vraie (et aussi fausse, d'ailleurs) que celle du psy. On cherche tous les deux à raconter une histoire pour avoir une histoire à raconter.
Cette idée me plaisait bien, qu'on puisse raconter des histoires différentes et toutes vraies sur la même situation, et que c'est ce qu'on fait tous à longueur de journée.
Et ce matin, je l'ai vue se clichéifier sous mes yeux. J'ai rien pu faire. Un type au bateau livre appelait ça le telling. Et j'ai compris que ça allait devenir à la mode et que ma jolie idée allait être obligée de passer dans des tas de cerveaux pas toujours très propres, comme ce qui est arrivé à l'humour décalé et au rire qui s'étrangle dans la gorge.
Ca me rend triste pour elle.
